Dans une interview exclusive accordée à l’Agence Anadolu, le président de l’ONG “Urgences Panafricanistes” Kemi Seba, est revenu sur la déchéance de sa nationalité française. L’activiste estime qu’il s’agit d’un acte politique contre “son combat anti-néocolonial“.
La décision des autorités françaises de retirer la nationalité française à Kemi Seba continue de faire grand bruit. Bien que l’incident où il avait brûlé son passeport français devant les caméras en mars dernier ait suscité de nombreuses réactions, le panafricaniste assure que cet acte n’est pas à l’origine de la sanction. “Ce sont les actions contre le néocolonialisme que nous menons depuis de très nombreuses années sur le terrain, avant même l’émergence des réseaux sociaux, qui ont entraîné” cette décision, explique-t-il.
Pour Kemi Seba, la raison de cette décision réside dans son combat inlassable contre le néocolonialisme, notamment sur le continent africain. Il dénonce ce qu’il perçoit comme une réaction excessive des autorités françaises face à son engagement. “Les autorités françaises, qui ont pour axe idéologique et géostratégique sur le continent africain le néocolonialisme, ont été dans une démarche de réagir avec virulence, avec hystérie“, affirme-t-il.
L’activiste, qui a participé à plusieurs mobilisations contre la présence française en Afrique de l’Ouest et particulièrement au Sahel, estime que la France a “perdu le contrôle” en enclenchant cette procédure. “Ce n’est pas parce que vous combattez la mauvaise direction prise par le président qui dirige le pays où vous êtes né, qu’on doit renier votre lieu de naissance et votre nationalité“, a t-il ajouté.
Loin de se laisser abattre, Seba voit dans cette déchéance de nationalité une opportunité de rappeler à ses semblables qu’il est possible de résister aux oppressions. “Il était important de rappeler que nous ne sommes pas tous prêts à nous soumettre aux ordres et aux désirs de l’oligarchie française pour exister“, affirme-t-il , avant d’ajouter : “Je n’ai pas besoin de leur aval pour exister !“.
Un choix délibéré de résister
Le conseiller spécial du général Tiani estime qu’il “n’était pas dans une démarche de montrer patte blanche“, parce qu’il est “né avec des pattes noires“. Sa résistance face à ce qu’il qualifie de “puissance néocoloniale” est, selon lui, un message adressé à ceux qui se battent contre les inégalités et l’injustice. “On peut se tenir debout face à la puissance néocoloniale, et exister plus que jamais“, martèle-t-il.
Kemi Seba affirme que cette procédure a été lancée “quelques temps après les mobilisations historiques dans la sous-région (Sahel), et au Niger, aux côtés de la société civile“. Il voit dans ces actions un tournant décisif pour la “restauration de l’État“, et considère que la France a vu en lui une menace pour ses intérêts dans la région.