La Cour constitutionnelle du Bénin tient une audience plénière à son siège de Ganhi, à Cotonou ce jeudi 30 janvier. Quatorze dossiers de recours déposés par des citoyens et institutions sont inscrits à l’ordre du jour, dont celui de Christian Enock Lagnidé, qui sollicite un avis sur une question constitutionnelle clé : l’éligibilité du président Patrice Talon à l’élection présidentielle de 2026.
L’ancien ministre Christian Lagnidé a officiellement saisi la Cour constitutionnelle du Bénin afin d’obtenir des clarifications sur une question qui divise l’opinion publique : Patrice Talon peut-il se présenter à la présidentielle de 2026 ? Alors que la Constitution interdit à un président d’exercer plus de deux mandats, certains estiment que la réforme de 2019 aurait instauré une nouvelle République, rendant Talon éligible. Un débat juridique qui n’attend plus que l’arbitrage de la Cour.
Depuis la révision constitutionnelle de 2019, une partie de l’opinion publique estime que le Bénin serait entré dans une nouvelle République, ce qui ouvrirait la voie à une réinitialisation du compteur des mandats présidentiels. C’est sur la base de cette controverse que Christian Lagnidé, ancien ministre sous Mathieu Kérékou, a décidé de saisir la Cour constitutionnelle.
Dans sa requête déposée le 27 janvier 2025, il pose deux questions fondamentales : « Le Bénin est-il entré dans une nouvelle République depuis la révision constitutionnelle de 2019 ? » et « Patrice Talon peut-il être candidat à l’élection présidentielle de 2026 dans le cadre de cette nouvelle configuration institutionnelle ? ». Pour lui, ces interrogations doivent être clarifiées afin d’éviter toute interprétation erronée et de préserver la stabilité du pays.
Des arguments juridiques et institutionnels
Pour étayer sa démarche, l’ancien ministre cite plusieurs éléments qui, selon certains analystes, marqueraient une transformation profonde du cadre institutionnel béninois. Il s’agit entre autres de la modification du calendrier électoral en 2021, qui a supprimé la passation de service entre un président sortant et un président entrant, la refonte du régime présidentiel avec l’introduction d’un poste de vice-président élu conjointement avec le chef de l’État et l’allongement du mandat des députés de quatre à cinq ans, appliqué lors des législatives de janvier 2023.
Ces modifications suffisent-elles à considérer que la révision constitutionnelle de 2019 a instauré une nouvelle République, annulant ainsi la limitation à deux mandats présidentiels ? Certains citoyens le pensent et avancent que les articles 42 et 157, alinéa 3, de la Constitution révisée pourraient permettre à Patrice Talon de se représenter.
Si le débat continue de passionner l’opinion, l’issue de l’audience, qui débutera à 10h dans la salle Monseigneur Isidore de Souza de la Cour constitutionnelle permettra de vider cette question à moins d’un an de la présidentielle de 2026.